De quoi naît le courage?

Pour faire suite à mon article sur le risque, je ne pouvais pas ne pas aborder le thème du courage. Courage est un mot dérivé de cœur et pourrait être défini par la disposition du cœur, la mise à l’épreuve du cœur.

Le courage que les autres voient en nous

Quand le cœur se manifeste par des actes extérieurs malgré le danger, il prend alors le nom de courage.

Le courage est un révélateur de nos capacités et de nos valeurs face à ce que les autres attendent de nous. Des circonstances extérieures peuvent pousser au dépassement de soi, le président Zelensky en est un exemple, tout comme ces femmes iraniennes qui défient des lois absurdes. Le courageux est une personne qui est dans l’action, il pose un geste, il prend une responsabilité qui correspond à une valeur noble liée à la vie, la justice. C’est une personne alignée avec ses valeurs et ses actes.

Le courage est lié à une situation où l’on fait un choix et où l’on s’engage dans une action dont on a, en général, les capacités pour y faire face ou alors apprendre vite à les intégrer. Parfois, notre cœur parle d’abord et nous nous lançons à secourir quelqu’un qui allait se faire écraser, sans y penser vraiment car cela relève presque du réflexe. Pour illustrer ceci, prenons un exemple. Adèle n’est pas une bonne nageuse et a horreur de plonger car elle ne sait pas et garde des souvenirs de douleur au nez lors de plongeons dans son enfance. Elle voit un jeune enfant tombé dans une piscine, lâche ses sacs et saute sans réfléchir, tout habillée dans la piscine et ressort avec le jeune enfant. La mère se précipite et la remercie. Est-ce du courage? A-t-elle peur? Elle a peur pour l’autre et cela vous est sûrement arrivé, c’est ce que l’on appelle de l’empathie et chez Adèle cette valeur doit être dans le top 5. Nos valeurs définissent notre courage. Elles nous mettent face à une responsabilité, la nôtre face au monde. Nous retrouvons ces deux qualités chez les leaders inspirants.

Le courage est-il le même dans le temps, dans les cultures? Non, manifester au Québec en 2022 ou manifester en ce moment à Moscou ou en Chine ne relève pas de la même ampleur. Le danger n’est pas le même. Faire face à la répression, à un groupe si petit soit-il demande du courage car le risque d’être tué, emprisonné, rejeté est présent. Sommes-nous toujours courageux? Non, parfois, nous ne le sommes pas par manque d’énergie, sentiment d’impuissance, parce que l’enjeu n’en vaut pas la chandelle, par égoïsme, etc...

La notion de courage est mariée avec l’adversité, le danger. On est courageux, là où les autres ne le sont pas. Les autres nous souhaitent du courage dans des situations ressenties comme difficiles, de perte, lorsqu’il faut faire face à un défi… Ce qui implique que parfois le regard de l’autre peut nous voir courageux alors que, pour nous, c’était une évidence de poser cet acte-là, il n’y avait pas d’autre choix. Notre état intérieur en dépend. Nos peurs ne sont pas les mêmes pour tous.

Le courage que nous voyons en nous

Et quand personne ne voit notre courage? C’est juste une affaire entre Moi et moi, nous pouvons nous sentir courageux par rapport à nous-mêmes, un défi personnel qui n’en n’est pas un pour notre voisin. Courageux par rapport à soi, c’est lutter contre ses propres peurs rationnelles ou irrationnelles, passer par-dessus et aller vers notre désir. Le courage c’est essayer et accepter ce qui en découlera, c’est par définition y mettre du cœur, donc suivre son désir malgré la crainte et accepter les conséquences.

Quel est le courage qui parfois nous manque? Le courage de voir, d’entendre, de ressentir, le courage de partir ou de rester, le courage de parler, d’être vu, d’être différent et de faire différent, le courage de dire Non ou Oui, le courage de s’observer, de pardonner, d’accepter, de refuser, de laisser, d’arrêter ou continuer et tant d’autres choses? Faire face et agir est le secret du courage.

Qu’en disent les neurosciences?

Sonia Lupien à l’émission de Penelope McQuade du 4 octobre dernier à 10h08, aborde la notion de courage. Comment ça fonctionne? Notre amygdale s’active lorsque le cerveau détecte une situation de survie et engendre la peur qui se traduit par des indices corporels, sudation, gorge qui serre, tremblements.... Nous avons 2 comportements pour y faire face :

1- Figer ou fuir

2- Surmonter l’événement avec courage ce qui activera le cortex cingulaire antérieur et le pôle temporal.

Les études démontrent que l’activation de l’amygdale diminue chez les personnes qui surmontent leur peur et elle augmente chez celles qui l’évitent. Conclusion : Plus nous évitons nos peurs et plus nous avons peur et augmentons notre anxiété. L’idéal? Affronter notre peur. Si nous ne pouvons l’affronter, la méditation augmenterait l’activation du cortex cingulaire antérieur et nous apaiserait, mais les études restent à le prouver.

Sonia Lupien cite également la peur apprise, celle qui ne nous appartient pas, la peur apprise par observation directe notamment chez les enfants via les adultes. Alors, je suppose que le courage appris par observation doit aussi exister. Pourquoi donc ne pas s’inspirer de personnes que nous trouvons courageuses face à leurs valeurs et à la collectivité? Demandez-vous dans quelles situations êtes-vous courageux.se et quelles valeurs s’y rattachent? Et qu’est-ce qui se passe quand le courage vous manque? Êtes-vous bien outillé? Est-ce loin de vos valeurs? Quelles pensées vous en détournent?

Et si nous nous demandions quelles sont les sources de notre courage pour vivre alignés avec qui nous sommes?