Le Stress, un mal nécessaire?

Les réactions face au stress

Le stress a bien mauvaise presse. Nous vivons à 100 à l’heure, toujours pressés, menacés par une ou autre situation. Qu’en est-il vraiment? D’abord, qu’est-ce que le stress? En 1936, Selye définit le Syndrome Général d’Adaptation, mécanisme d’adaptation de l’organisme face à des « stresseurs » qui deviendra par la suite, le stress. C’est une réaction physiologique non spécifique face à une menace à notre vie ou perçue comme une menace. Ex. Je traverse une rue et une voiture surgit vers moi, la peur me fait courir. Un feu se déclare chez Jacques et il sauve sa famille avec un courage et une force spectaculaires. Marie regarde son père violent et attend une réaction imprévisible de sa part. Dans ces trois exemples, nous avons un danger face à notre vie. C’est le stress aigu. Walter Cannon définit 3 réactions : Fuir, combattre ou figer ou les 3 F (flight, flight, fright). Dans un stress très élevé, nous pouvons figer lorsque ni le combat ni la fuite ne peuvent être envisageables et le stress devient alors traumatique.

Dans nos sociétés occidentales, nous vivons relativement en sécurité, alors d’où vient le stress? La menace a pris une toute autre forme, et le cerveau ne fait pas la différence entre un mammouth  ou notre patron qui menace notre égo, notre confort… Nous voilà dans l’ère du stress relatif! La menace frappe notre ÉGO “que va-t-il penser de moi? Je ne vais pas réussir, je ne suis pas capable. Il faut que je réussisse sinon je suis nul. Je dois montrer que j’en sais plus sinon je vais perdre ma job…” Ce stress relatif résulte de l’évaluation de nos capacités face aux exigences de la situation. Ex. Claire doit aller chercher son fils à 18 h et son patron vient de lui demander de rester plus tard alors que son conjoint est à l’extérieur et ses parents en vacances. Elle doit produire le rapport rapidement et sans erreur ce qui sera difficile si son niveau de stress est trop élevé. Quant à Paul, il vient d’être promu et des voyages à l’étranger lui sont annoncés alors qu’il redoute les vols aériens. Ce qui est vécu comme un stress pour l’un, ne le sera pas pour d’autres.

Ce stress peut devenir chronique. Que se passe-t-il alors? La situation stressante se répète. Imaginez-vous vivre dans un pays en guerre, les balles sifflent, des attentats surgissent dans différentes parties de la ville, ennemis présents jour après jour, violence gratuite. Dans ce contexte nous subissons un stress aigu chronique qui entraîne des maladies spécifiques au stress. Pour le stress relatif, les réactions du corps sont identiques au stress aigu, moins intenses toutefois, et il est déclenché par des situations récurrentes où nous sentons que nos capacités sont inférieures à la demande extérieure. Cette évaluation de nos capacités est relative puisqu’elle ressort de nos croyances et de nos expériences. Odette a demandé à Gilles de s’occuper du projet sur lequel elle n’aura pas le temps de travailler sachant qu’il a toutes les compétences pour le faire. Cependant, Gilles évalue qu’il n’est pas à la hauteur. Son manque de confiance, ses croyances en ses capacités et son estime de lui-même biaisées font que ces deux semaines sur le projet l’épuisent. Que se passe-t-il? La phase de récupération suivant la phase de résistance à la menace est trop courte, le corps ne récupère plus. Quand l’organisme est contraint de produire adrénaline et cortisol jour après jour, le corps doit renouveler constamment ses réserves d’énergie, ce qui explique les rages de sucré, les gros appétits de Gilles lors de stress. Son corps a besoin d’énergie pour vaincre ce mammouth qui n’en est plus un. Aujourd’hui, nous sommes malheureusement si habitués à ce rythme, que nous ne reconnaissons plus les symptômes. Cela peut aller du simple appétit gargantuesque, aux problèmes de sommeil, digestifs, cardiaques, à l’apparition de diabète type 1, de la perte de cheveux… Nous ne sentons plus les indicateurs de stress, nous y sommes trop accoutumés.

Première étape : Reconnaître le stress et notre corps est notre premier indicateur, écoutons-le et prenons le temps de le faire. Comment exprimez-vous votre stress? Êtes-vous plus irritable, prenez-vous plus d’alcool, drogues? Dormez-vous peu et/ou mal? Vous dit-on que vous êtes stressé.e même si vous ne le ressentez pas? Criez-vous facilement? Êtes-vous moins performant? Avez-vous une bonne mémoire? Avez-vous perdu le sens de l’humour?

Sonia Lupien, nous apprend à déconstruire le stress en découvrant notre CINÉ. Quatre caractéristiques découvertes par le Dr Mason sont sources de stress : 1- Le manque de Contrôle 2- L’Imprévisibilité 3- La Nouveauté 4- La menace à l’Égo. Trouvez les caractéristiques qui vous font le plus souffrir et mettez-y des solutions. Ex. Si je n’ai pas le contrôle, je crie, m’énerve… En trouvant un plan B, en me faisant confiance et confiance en les autres et la vie. L’imprévisible comme Claire qui doit aller chercher son fils à 18h et n’a pas d’alternative, là aussi un plan B serait bienvenu et une discussion avec son patron aussi pour que chacun soit gagnant mais peut-être n’ose-t-elle pas? Face à la Nouveauté, la curiosité, l’ouverture d’esprit sont de bons alliés. À vous de déceler quelles situations vous stressent le plus? Un petit travail sur soi peut aider.

Oui, mais quels sont les déstresseurs, à part la petite pilule?

  • Faites du sport, sortez toute cette énergie emmagasinée!

  • Ne faites pas tout à la dernière minute. Planifiez.

  • Ayez un plan B et C face à l’imprévu.

  • C’est quoi vos pensées et leurs influences? Êtes-vous votre meilleur ami ou votre pire ennemi?

  • Accueillez vos émotions, elles sont les gardiennes de nos besoins. La peur prend-elle beaucoup de place dans votre vie?

  • Vivez plus dans le présent et anticipez moins. Pratiquez la présence attentive.

  • Arrêtez de penser et agissez. Vous vous trompez? Ce sera un apprentissage. Relativisez!

  • Diminuez l’effet nouveauté en allant la découvrir, soyez curieux!

  • Ayez un bon réseau social, des amis, partagez vos bons coups et vos soucis

  • Ayez une bonne hygiène de vie (nourriture, sommeil…)

Le stress, contrairement, à ce que beaucoup pense n’est pas un ennemi, il nous permet de rester en vie et de saisir les dangers pour les éviter. Notre cerveau retient en primeur, tout ce qui est danger ou menace. C’est une raison pour laquelle nous retenons beaucoup mieux ce qui ne fonctionne pas dans nos expériences. Apprivoisez votre stress et ne le laissez pas vous empoisonner la vie!

Carole Hardy